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| موضوع: «Le tueur en série le plus abouti»Procès Fourniret. Hier à l’audience, deux psychiatres ont présenté leurs conclusions. الثلاثاء مايو 20, 2008 12:53 pm | |
| «Le tueur en série le plus abouti»Procès Fourniret. Hier à l’audience, deux psychiatres ont présenté leurs conclusions. Daniel Zagury, psychiatre des hôpitaux et expert rompu aux grands criminels comme Guy Georges et Patrice Alègre, n’en a jamais vu de la dimension de Michel Fourniret : «C’est le tueur en série français le plus abouti.» Là où les autres évoquent «des pulsions ou des flashs», peinent à décrire les meurtres et ressentent de la «honte», l’Ardennais verbalise avec tous les détails et «aussi insupportable, légitime ses actes, défend ce qu’il a fait au nom du bien, du juste, et surtout du pur. En plus, il parle de ses victimes avec adoration».
Pour le Dr Zagury, «dans son discours Fourniret qui se revendique autodidacte cherche à s’épater lui-même». Plus que manipulateur ou maître du jeu, «il fige tout en deux dimensions, les dominants, les dominés. Dans le monde de Fourniret, il n’y a pas de demi-mesure, c’est la dialectique du maître et de l’esclave».
Selon l’expert, entendu hier par la cour d’assises des Ardennes, le tueur en série a souffert de ses origines sociales modestes, père ouvrier métallurgiste accusé d’alcoolisme et mère femme de ménage qui véhicule «l’image d’une bâtarde trainant avec la Kommandantur» donc «dépravée». De l’avis du psychiatre, Fourniret a dépassé de loin la «compensation sociale» et a opéré un «renversement de valeurs» : «Il relie lui-même son orgueil incommensurable à ses origines modestes, transforme la souillure en pureté.»
«Mythes». Il a longtemps cru que sa sœur adorée et sa mère «ne déféquaient pas». Il dit qu’à 12 ans, il a une «vision de l’Immaculée Conception». Quête mystique ou expérience délirante ? En tout cas, il porte désormais la «Madonne sur les fonds baptismaux» : «Son utopie l’originalise. Sa quête de la virginité, c’est sa ligne de vie», dit Zagury qui note aussi une «extrême pauvreté de sa fantasmagorie sexuelle». Michel Fourniret qualifie la «copulation de pitoyable», le «sexe des femmes de dégueulasse», et le «sexe d’abject». Il assimile «sa propre conception, son enfantement à une impureté et une abjection».
Il se marie à 27 ans puceau avec Annette qui n’est plus vierge. Il dit d’elle cependant qu’elle «n’a aucune vulgarité, beaucoup de pudeur», de sa deuxième épouse Nicole qu’elle a une «allure altière». Il vante chez ses petites victimes pour l’une la «grâce» et l’allure de chorégraphe, pour une autre son rayonnement : «Elle irradiait. Par leur démarche ou leurs vêtements, les victimes qu’il choisit sont supposées incarner la pureté.» Pour l’expert, «Fourniret par son discours manichéen, oppose la pureté et la blancheur, la souillure et la noirceur, et entre les deux, il y a l’anneau magique comme il dit», à savoir l’Immaculée Conception. Là où les «mythes et les religions offrent des solutions» à une bonne partie du commun des mortels, Fourniret «a son mythe et sa religion privée».
Il s’agit d’une «quête identitaire de l’image de la mère purifiée, intacte comme une icône». Dans son «exaltation de la virginité, Fourniret est inébranlable dans sa certitude paranoïaque qu’il est dans le vrai, que sa vérité le soutient». Il a cherché un temps la «réponse à l’énigme de la virginité» mais a été arrêté en 1984 pour treize agressions de jeunes filles et puni d’une peine de cinq ans de prison. La «bascule» se produit après ce procès d’assises à Evry en juin 1987 et sa rencontre avec Monique Olivier qui «le prend pour un justicier» prêt à tuer son ex-mari : «Il a épousé son narcissisme.» La spectatrice parfois active lui sert de miroir. Michel Fourniret est «intimement persuadé que Monique Olivier est sa pâte à modeler. Mais il se trompe. Il la prend pour rien du tout pour que lui soit tout». Avec son alter ego Michel Dubec, Zagury écrit dans son rapport que «dans l’interaction entre les deux partenaires, l’un et l’autre étaient tour à tour instrument et instrumentiste».
«Impuissance». Lors des crimes en duo, Fourniret ne cherche plus la «réponse concrète à sa quête impossible» puisque «l’acte transforme le pur en impur» : «Dans son fantasme, où il pénètre une vierge et elle devient souillure et il faut s’en débarasser ; ou bien elle est vierge et il n’y parvient pas, donc il faut supprimer la preuve de son impuissance, ou elle n’est pas vierge et c’est une putain donc il faut la tuer.» Il recherche désormais la «position de toute puissance du démiurge qui a le pouvoir de vie et de mort lors d’une mise en scène, d’une cérémonie de ritualisation de la question de la virginité qui le taraudait». Le Dr Zagury ne croit pas que Fourniret prenne plaisir «à prolonger l’agonie de ses victimes» mais qu’il éprouve une «jouissance à les terroriser, à les dominer». Il ne s’agit pas à ses yeux d’un «pervers sexuel» mais d’un «pervers narcissique», psychopathe qui «rejoue à l’envers» l’épisode traumatique de «sa sœur communiante humiliée par des soudards de la famille» : «Fourniret rejoue le soudard qui souille la blancheur immaculée.» «Il transforme en triomphe ce qui autrefois était détresse. Il détruit ce qu’il avait commencé à mettre en scène dans l’adoration», analyse aussi le médecin, selon lequel Fourniret a «agi sa rage face à l’image féminine dépravée et au mirage d’un enfantement non sexualisé». Michel Fourniret présente un «état dangereux extrême», conclut Zagury. | |
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