France: Un rugbyman jugé pour “mise en esclavage”

Finau Maka, le colosse des îles Tonga, doit répondre aujourd’hui devant le tribunal correctionnel « d’emploi irrégulier d’un étranger sans titre de séjour, de travail dissimulé et d’hébergement dans des conditions indignes », selon le procureur de Toulouse Michel Valet. Le rugbyman, âgé de 33 ans, est soupçonné d’avoir employé clandestinement un sans-papiers tunisien de 2006 à 2010, d’abord à la rénovation puis à l’entretien de sa maison de Beauzelle, dans la périphérie toulousaine.

Finau Maka ne l’aurait jamais payé pour son travail et l’aurait fait dormir dans une cabane de 4 mètres carrés au fond du jardin. Affirmant avoir « été l’esclave de Finau pendant quatre ans », le sans-papiers, Moncef Derbali, expliquait être venu clandestinement en France via la Libye et l’Italie fin 2005. Selon lui, les problèmes avaient commencé quand il avait demandé à être payé. Le sportif a été interrogé pendant 24 heures lors d’une garde à vue au mois de mai dernier.
« Comme mon frère »

Selon son avocat, Me Romuald Palao, Finau Maka conteste « l’intégralité des infractions reprochées ». Il reconnaît seulement une relation d’aide mutuelle inspirée par la culture d’hospitalité de son pays d’origine et par les idéaux chrétiens. Pour Finau Maka, c’est le sans-papiers qui, après avoir travaillé pour l’entreprise rénovant sa maison, lui aurait demandé de l’aider parce qu’il n’avait ni papiers ni toit en France. Lors d’une déclaration à la presse en mai dernier, le rugbyman confiait : « J’ai traité cet homme comme mon frère […] Nous n’avons jamais forcé Anis à faire quoi que ce soit contre sa volonté. »

La plainte déposée au début de l’année par l’avocat du sans-papiers visait des faits « d’esclavagisme moderne », pouvant correspondre à une qualification criminelle qui n’a finalement pas été retenue contre le rugbyman. Finau Maka a joué neuf saisons au Stade Toulousain, trois fois vainqueur de la Coupe d’Europe durant cette période, avant de signer cet été à Aix-en-Provence.

*