Le meurtrier présumé de la petite Madison jugé

Le procès de Julien Carrillo, ravisseur et meurtrier présumé de Madison, une fillette de cinq ans enlevée dans le bourg provençal d'Eyguières en mai 2006, a débuté ce lundi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence.

Julien Carrillo, ouvrier métallurgiste de 26 ans, a d'abord indiqué n'avoir "rien à dire" avant de reconnaître, comme au cours de l'instruction, avoir "kidnappé" la fillette, qu'il connaissait, et l'avoir tuée.

Un meurtre dans la "panique"
"Je regrette ce que j'ai fait, d'avoir kidnappé la petite et de l'avoir tuée", a-t-il déclaré en répondant aux questions du président de la cour, Jean-Pierre Deschamps. Julien Carrillo a avoué avoir "paniqué" lorsque Madison a commencé à réclamer sa mère quelques heures après son enlèvement. "Je lui ai mis du papier dans la bouche et je l'ai tuée", a poursuivi l'accusé, d'une voix mécanique, sans exprimer d'émotion particulière.

Sur le banc des parties civiles, le père de Madison, Stéphane Castel, fixe sans relâche l'accusé et essuie quelques larmes. La mère de la fillette, Jessica Brusco qui avait découvert le lit de Madison vide au petit matin, étouffe elle aussi ses sanglots.

"Si je savais je serais pas là"
L'accusé, vêtu d'un survêtement bleu, petite moustache et crâne dégarni, ne les regarde pas. Il peine à expliquer son geste. "Pourquoi avez-vous fait ça?", l'interroge patiemment le président. "Je sais pas, ma foi, si je savais je serais pas là", dit-il. Il avoue avoir eu des sentiments pour la mère de l'enfant.

"Vous dites que vous l'aimez bien mais ce que vous allez faire, c'est la chose la plus terrible que l'on peut faire à une femme", lui fait remarquer le président Deschamps. "Je sais...", dit-il, sans expliquer davantage ses motivations.

Accusé d'enlèvement, détention et séquestration suivis de mort, il risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit durer jusqu'à vendredi.

Un suspect sous traitement médical
L'expert psychiatre, Yves Tyrode, a rappelé que Julien Carrillo reçoit un traitement médical lourd depuis son interpellation et sa tentative de suicide, évoquant une "camisole chimique" qui lui donne "un aspect un peu mécanique" quand on l'interroge.

L'avocate du père de la fillette, Me Béatrice Zavarro, s'est dite "sidérée" par l'attitude de l'accusé. "Il parle de cet enfant comme d'un paquet", a-t-elle estimé lors d'une suspension d'audience.

Une immense émotion
Début mai 2006, la disparition de la fillette avait suscité une immense émotion à Eyguières, village de 5000 habitants. Gendarmes, pompiers et des centaines d'habitants avaient durant trois jours arpenté plus de 20 hectares de collines et de champs en espérant retrouver Madison vivante.

Son corps avait finalement été découvert dans un sac poubelle au domicile de Julien Carrillo. Elle n'avait subi ni violences sexuelles ni sévices corporels, selon l'autopsie. A l'arrivée des gendarmes, le présumé meurtrier s'était planté un couteau dans la gorge.