L'avocat du gendarme incarcéré pour coups mortels révèle que des enfants se trouvaient près du fuyard et étaient donc potentiellement en danger.
En tirant vendredi sur un jeune homme de 27 ans qui tentait de s'échapper du commissariat de Draguignan, le gendarme n'a fait «qu'appliquer les règles de l'usage de l'arme en matière d'un individu dangereux». C'est ce qu'assure lundi l'avocat du militaire mis en examen pour coups mortels. Il révèle que des enfants se trouvaient à proximité du fuyard et étaient donc potentiellement menacés. «A 25 mètres d'où José Guerdner a sauté se trouvaient des enfants et dans la zone mitoyenne à la gendarmerie se situe une institution religieuse, où des élèves sont en internat», a expliqué Maître Lionel Escoffier. «A ce moment-là, l'intime conviction du gendarme était qu'il y avait absolue nécessité de faire usage de son arme pour stopper l'évadé en tirant dans la nuit vers les membres inférieurs», a souligné l'avocat.
Joseph Guerdner, 27 ans, avait été tué vendredi soir alors qu'il s'enfuyait menotté de la gendarmerie de Draguignan où il était gardé à vue pour une affaire d'agression à main armée et de séquestration. Il avait sauté par la fenêtre de la gendarmerie dans une cour donnant sur les bâtiments où vivent les familles des gendarmes. Atteint de trois balles, il avait ensuite sauté un grillage pour se retrouver dans l'enceinte de l'école religieuse où il avait été retrouvé agonisant.
La requalification des poursuites en coups mortels au lieu d'homicide volontaire satisfait donc pleinement Lionel Escoffier. L'avocat s'est dit en revanche très déçu de l'incarcération de son client.
Indignation des gendarmes retraités
Le placement en détention du gendarme, dont la suspension a été demandée samedi par Michèle Alliot-Marie, provoque aussi un fort émoi parmi les forces de l'ordre, la gendarmerie et la police. Le mensuel L'Essor de la gendarmerie et l'Union nationale des personnels retraités de la gendarmerie ont fait part de leur indignation. Le syndicat rappelle que le gendarme appliquait les prescriptions de l'article L. 2338-3 du code de la défense, autorisant les officiers et les sous-officiers de la gendarmerie à faire usage de leurs armes «lorsque les personnes invitées à s'arrêter cherchent à échapper à leurs investigations et ne peuvent être contraintes de s'arrêter que par l'usage des armes».
La tension est restée vive tout le week-end à Draguignan. Des membres de la communauté du voyage, à laquelle appartenait la victime, ont renversé dimanche deux voitures et brûlé une troisième devant le palais de justice, avant que les gendarmes ne les dispersent à l'aide de gaz lacrymogènes. Dans la nuit de samedi à dimanche, trois véhicules avaient déjà été incendiés dans la cour de la gendarmerie.
Des expertises balistiques et une reconstitution du drame doivent être effectuées. Des examens radiologiques préciseront si la mort de José Guerdner, père de trois enfants, et qui, selon Lionel Escoffier, était déterminé à se soustraire à la garde à vue dont il faisait l'objet, pourrait également avoir été entrainée par son saut de 4,60 mètres d'une fenêtre de la gendarmerie
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